Pour autant que je me souvienne
Le travail n'a jamais été
Pour moi que temps de vie gâché
Une chose a pu m'échapper...
Je me souviens des stages d'été
C'est là que tout a commencé...
Coralie ne répondait plus
À mes avances continues
Un supérieur était censé
Me donner le goût du métier
Sa triste mine et sa pâleur
Pour des ambitions sans valeurs
Quiconque n'a jamais joui plus fort
Pourra penser que j'ai eu tort...
Les journées traînaient en longueur
Et la fatigue, et la chaleur...
Je passais mon temps à rêver
À de possibles échappées
Prétextant l'envie de cafés
Aux toilettes je bifurquais
En direction des ascenseurs
J'allais en quête d'un ailleurs
Là, une porte de secours
M'ouvrait ses bras comme un recours
Discret, je me laissais happer
Par la cage des escaliers
L'air y était soudain plus frais
J'avais dans ma poche un carnet
Où j'écrivais, je dessinais
Je finissais par m'allonger
Parfois le bruissement léger
D'une autre vie me parvenait
Était-ce un ordre d'initiés
Désertant le monde concret ?
Soudain des pas se rapprochaient
Moi, d'un bond je me redressais
Et mon bureau je regagnais
Où de gros dossiers m'attendaient
Arriverais-je à éluder ?
Déjà je pensais que jamais
Dans ce bourbier je n'entrerais...
Une chose a dû m'échapper...
Christophe Gonnet