VILLÉGIATURE

Ils possédaient à la campagne

Une vaste maison de charme

Où ils aimaient à réunir

Quelques amis

 

Un jour ils vous disaient ceci :

"Venez en notre paradis

Nous aurons quelques beaux esprits

Par nous choisis..."

 

Ce jour, vous en étiez, pourquoi ?

Ça ils ne vous le disaient pas

Ils gardaient leur raison pour eux

C'était leur choix

 

À vrai dire vous ne cherchiez pas

Cela vous convenait ainsi

C'était plaisant d'être choisis

Vous disiez : "Oui !"

 

Lors vous tâchiez de présenter

À leurs yeux de seyants attraits

Et comme ils semblaient vous trouver

Très à leur gré

 

Vous étiez désormais admis

Dans leur cercle de bons amis

Et passiez en leur compagnie

Des jours bénits

 

Parfois parmi les habitués

Quelques uns venaient à manquer

On entendait à leur sujet

Des quolibets

 

Feignant de ne pas s'offusquer

Tous ceux qui encore en étaient

Ayant à cœur de le rester

S'en amusaient

 

Plus tard, une fois revenus

Il arrivait que dans la rue

Ceux qui hélas n'en étaient plus

Vous les croisiez

 

Ils souriaient un peu déçus

Se demandant un peu confus

Ce qu'ils avaient à leur insu

Bien pu manquer

 

Vous tâchiez de les rassurer

Mais un jour, allant au café

Avec les autres habitués

Vous appreniez

 

Qu'un de leurs derniers rendez-vous

Était-ce le seul après tout ?

Avait, au milieu du mois d'août

Eu lieu sans vous

 

Sans vous offenser sur le champ

Vous jouiez les indifférents

Mais un peu plus tard en rentrant

En y pensant

 

Imaginant les quolibets

Dont vous aviez pu faire l'objet

Soudain vos oreilles sifflaient

Vous déchantiez

 

Vous les revoyiez au café

Et parfois vous aperceviez

Près d'eux des têtes inconnues

Fraîches recrues

 

Dès lors, ils ne s'en cachaient plus

La roue avait tourné, sans plus

Le jeu se déroulait sans vous

Et c'était tout

 

Ils possédaient à la campagne

Une vaste maison de charme

Où ils aimaient à réunir

Quelques amis

 

Sur un linteau étaient écrit :

"N'entreront en notre logis

Que de charmantes compagnies

Par nous choisis..."

 

 

Christophe Gonnet

 

Réalisée en mars 2019