Un jour, allez savoir pourquoi
Mais au réveil, j'étais comme ça
L'air me portait de part en part
Frisquet, mais je n'avais pas froid
Il était tôt et j'avais faim
Un ver aurait fait mon affaire
Ça tombait bien, car en chemin
L'un sortait justement de terre
Je le voyais étrangement
Bien que fort loin, très nettement
Il sinuait à travers champs
Dodu et en tout point charmant
Autrefois un peu charitable
Envers tout être à ma merci
J'en fus surpris, est-ce le diable?
En moi nulle once d'empathie
Vif et léger, je tournoyais
Que déjà ma proie j'atteignais
Un coup adroit, sec et tranché
Il fut sectionné par le biais
En son cœur une large entaille
D'où je contemplai ma victuaille
Sa chair vermeille tendre et goûtue
Et le fumant de ses entrailles
Leur jus tiède et sanguinolent
Ruisselant au fond de ma gorge
M'arracha un gazouillement
Comme aux enfants les sucres d'orge
Repu, je m'ébrouai heureux
Et me déployant dans les cieux
J'atteignis la plus haute branche
Tel un forban les jours de chance
Christophe Gonnet