Une nuit que j'étais gai
Plus gai que de coutume
Une grâce de l'âme
Un élan de bonté
M'attiraient les faveurs
De la bonne fortune
Et tout me parut jouir
D'une infinie beauté...
Et je t'ai vue, toi
Dehors, à moitié nue
Ta robe ne pesait pas
Plus lourd que ta vertu
Et tu m'as souri
Et je t'ai suivie...
Dans cette rue sans nom
Où des plants de pavot
Grimpent comme le lierre
Aux murs des immeubles
Où des torrents d'absinthe
Jaillissent des fontaines
Où les passants s'abreuvent
Et ne repartent plus...
Et nous sommes restés
Parmi la foule en liesse
Les bistrots surpeuplés
Crevaient leurs devantures
D'où filtrait jusqu'à nous
Cet air d'accordéon
Que des choeurs amoureux
Chantaient à l'unisson...
Et nous avons dansé
Bu, ri et fumé
Et nous nous sommes aimés
Tels des fous endiablés
Puis nous nous sommes étreints
Jusqu'au petit matin...
Et je t'ai perdue, toi
Dehors, à moitié nue
Ta robe qui n'pesait pas
Plus lourd que ta vertu
Et je suis reparti
Seul noyé sous la brume
Ce jour que j'étais triste
Plus triste que de coutume...
Christophe Gonnet