Le ciel est chantant ce matin
Je bois mon thé à la fenêtre
Un avion-mouche traverse au loin
Je le vise de ma fourchette
Plus bas les immeubles frissonnent
Fument leur premières cigarettes
On dirait de petits volcans
Qui couvent leurs corvées du jour
Mon ami l'arbre est là aussi
On se fait signe de la tête
Ce jour il n'est pas à la fête
Car aucun oiseau n'y caquète
Tout ça car aucun fruit n'y luit
Même les oiseaux sont infidèles !
Si je n'avais pas peur du froid
Je sortirais nu sur le toit
Dans une tâche de soleil
Me faire dorer comme une abeille
Que se passe-t-il ?
Plus rien ne bouge...
Éclat changeant des tuiles rouges
Le ciel a cessé de chanter
Et les immeubles de fumer
Je crois qu'il est temps d'y aller
Je me sens soudain en retard
Une dernière gorgée de thé
Je garderai sur ce buvard
Ces quelques mots éparpillés
Et cette tâche en forme de poire
En souvenir d'un ciel d'été...
Christophe Gonnet