Il chante sur la voie publique
Et il danse sans musique
Il se parle à vive voix
Et rigole aux éclats...
Sa joie déborde
De son large sourire
Il se retient mais
Ne peut la contenir...
Il rit, il rit...
Titubant de bonheur
Les yeux mouillés de pleurs
Sous les regards inquiets
Des passants bien discrets
Qui finissent par sourire
De le voir autant rire
Essoufflé, il s’arrête
Puis se gratte la tête
Comme pour mieux réfléchir
À son proche avenir...
Ça y est, il a trouvé !
Quoi ? lui seul le sait
Et le voilà qui court
Dans les rues, les faubourgs
Courant à tous les vents
Courant par tous les temps
Parlant avec les arbres
Les êtres, les nuages
Toutes ces choses réunies
Qui forment le paysage
Et qu’il personnifie
Modifie à sa guise
Triste réalité
De la vie qu’il déguise
Qu’il anime en chansons
Par l’imagination
En un monde ludique
Magique et féerique...
"V’là l’fou du village !"
Disent les passants très sages
Le voyant déboucher
Brusquement d’une allée
Paré d’une veste usée
L’hiver comme en été
Seule fidèle compagne
De toutes ses campagnes...
Mais le quittant des yeux
Retrouvant leur sérieux
Nos passants silencieux
Ne sont plus si sûrs d’eux
"Fou, mais peut-être heureux ?"
Et une fois chez eux
Leur si juste milieu
En est tout hasardeux
Et ça rendrait grincheux
Ça rendrait presqu’envieux
C’est fou comme c’est étrange
Ce fou qui les dérange...
Christophe Gonnet