Une petite fille
Aux cheveux blonds platine
Va traînant ses bottines
Aux talons de saphir
Et creuse de sillons
Le disque bleu vinyle
Où coule sa chanson...
L’émetteur polisson,
muselé sous sa grille,
Nasille, s’égosille,
Lance ses postillons :
Une pluie de torpilles
Vrille les murs du son :
ATTENTION !
Les aiguilles frétillent,
Les pendules pendouillent,
Les lentilles aux andouilles
Et la raison vacille...
La foule volubile
Se frotte les pupilles
Ouvre ses écoutilles
Déploie ses pavillons
Et d’une voix gentille
Entonne à l’unisson...
Deux fous en bas résilles
Reprennent en canon :
" C’est la pagaille, non de non
Sautent, sautent et pètent les plombs
Grillent et grésillent les néons,
Et chantent les grillons... "
" Et gloussent les dindons ! "
Poursuit un baryton
Trillant à pleins poumons
Pour les yeux de la fille...
Mais en plein trémolo,
Une croche décroche,
S’effiloche et ricoche
Dans le Sol sur le Do...
Ooooooh !
De sa bouche en corolle
Un caneton s’envole
" Coin coin ! Le vilain canard ! "
Clame la foule hilare...
" Et maintenant dansons ! "
Barrit le baryton
Un vigile en patrouille
Acquiesce du menton
- Z’avez ma permission !
- O.K. ! dit le Jockey
- Merci ! dit le Mercier
- Suivons ! font les moutons
Qui se dressent d’un bond
Et bêlent leur chanson...
Les langues se délient
Les genoux se dérouillent
Les gambettes gambillent
Et la troupe en chenille
Oscille, se tortille
De la tête aux chevilles
Dans un grand tourbillon...
Rien ne tourne plus rond
Rien à part les aiguilles
Du gentil carillon
Qui roupille au salon
Qui dit oui, qui dit non
Et puis qui nous attend...
En comptant les moutons
Des moutons par milliers
Des moutons par millions :
Un million DING
deux millions DINGUE
Trois millions DING,
Quatre millions DONG...
Et la petite fille
Aux cheveux blonds platine
Trimballant ses bottines
Aux talons de saphir
Et creusant de sillons
Le disque bleu vinyle
Arrête sa chanson :
" Je n’en peux plus de tournoyer
Suffit, le disque est terminé ! "
Et la foule de larmoyer :
- Il faut le retourner !
- Pas question ! dit la fille
Retournez-vous vous-mêmes
Que je me déshabille
J’ai un homme qui m’aime
Chantez si ça vous chante
Moi, j’ai mieux à fouetter
Faites-en donc de même
Et demain, revenez...
"Mais quelle est cette fille ? "
S’étonne l’assemblée...
L’aboyeur indigné
Dit d’un air avisé :
"C’est une fée, je la connais
C’est la pin-up du pick-up ! "
Christophe Gonnet