À la grève des trains
Du métropolitain
Des pigeons par milliers
Par solidarité
Prennent d’assaut
Quais et métros
Envahissent les voies
Sillonnent le réseau
Et saluent au passage
Les grévistes mutins
Leurs souhaitent bon courage
"Tenez bon ! Soyez fermes !"
Et reprennent en choeur
Slogans et revendications
Répandent les rumeurs
Que l’union fait la force
Que la lutte vaincra
Que cette fois, ça ira !
Et portent la nouvelle
Aux bouches des métros
Comme d’un seul écho
A qui veut bien l’entendre
Et pour finir, ils fientent
Au front du potentat...
Hop là !
Alors
Tous les mutins
Reconnaissants
En bons chrétiens
Consentent à partager leur pain
Avec leurs amis volatiles
Le temps des réconciliations
Le temps d’un long conciliabule
Où syndicats et patronats
Calculent
À la virgule
Leurs modiques pécules
Minuscules et ridicules...
Alors
D’un commun désaccord
Chacun retourne à ses moutons
Les patrons à leur patronat
Les syndics à leur syndicats
Chacun va regagner son siège
Tout l’monde s’en va
Tout l’monde sauf le prolétariat
Qui reste là, lui, et bien las
Debout planté comme un piquet
Comme un pauvre piquet de grève
Un piquet de grève avortée
Qui n’a que ses yeux pour pleurer
Avant de partir à son tour
Yeux, bras, tête, poings baissés
Redescendre plus bas que terre
Pas de lutte finale !
Qu’une lutte finie !
Cette fois comme les précédentes
C’est bien fini, rentrez chez vous
Et vous, pigeons envolez-vous !
Alors , désappointés
Nos pigeons par milliers
Cèdent la place
Aux autres pigeons salariés
Et résignés
Et rebelote
La carotte
À quand la vraie révolution ?
Christophe Gonnet