L'OISEAU

Heureux, toi l’oiseau

Sublime déserteur

Toi qui guettes d’en haut

Le supplice d’en bas

Jubilant à part toi

De n’être pas des leurs

De n’être pas des nôtres...

 

Nous recevons parfois

Ces doux accords majeurs

Tels des rires narquois

Que tu jettes, moqueur...

Quels jolis cris de joie

Que l’écho de ta voix !

De ta voix, voix, voix...

 

Vois à quel esclavage

Nous, hommes de bas étage

Sommes prêts à souscrire

Pour de piètres plaisirs

Toi, qui a su sans heurt

Conquérir notre coeur

Par ta liberté même...

 

Toi qui pilles et mendies

Sans la moindre vergogne

Toi même que l’on supplie

D’accepter notre aumône

Et que nos mains effleurent

Avec autant d’honneur

Le beau monde à l’envers...

 

Mais méfie toi toujours

Que ces mains de velours

Ne t’étreignent et t’enlèvent

Car l’homme a un vieux rêve :

Il veut te posséder

Toi et ta liberté...

Oiseau, leurre l’oiseleur !

 

Mais dès que nous posons

Sur toi nos sales pattes

Nous souillons ta candeur

Des terribles stigmates

De notre pesanteur

De notre condition

D’esclave contagieux...

 

 

Et le roi des nuées

Symbole de liberté

Dans sa geôle d’acier

Ses ailes atrophiées

Dès lors ne semble plus

Qu’un monstre saugrenu

Si comparable aux hommes...

 

Vole en paix loin de nous

Volatile impeccable

Souverain admirable

Archange au chant si doux

Cher à l’âme des fous

Vole en paix loin de nous

Loin de nous, loin de nous...

 

 

 

Christophe Gonnet

Réalisée en février 2018