FAIT-VRILLER

Février prodiguait

Ses rayons printaniers

Nous étions quelques uns

N'ayant pas de turbin

À nous en consoler

Dans quelques beaux jardins

 

Ma douce et moi dormions

En nous tenant la main

Quand soudain tinta un

Coup de sifflet au loin

Un gardien qui semblait

Asticoter quelqu'un...

 

- Encore une femme

  Lascive, plaisantai-je

  Débauchant son amant

  Sous un banc, que n'avais-

  -je dit là... mon amie

  À ces mots, alanguie:

  S'approchant, me supplie :

- Cela me donne envie !

 

- Diable, ne crains-tu pas

  Que le gardien rapplique ?

La voilà qui m'étend

Et me coupe la chique

D'un coup me chevauchant

Et moi ah-ahanant

Sans plus me soucier

Il est vrai, des passants...

 

Ni du gardien rodant

Un peu zélé peut-être

Qui, remontant l'allée

Nous surprenant, s'arrête

Et hardiment se met

À siffler à tue-tête

 

Nous sommant de cesser

Mais ma mie, la distraite

On eut dit que ces sif-

flets lui tournaient la tête

Nos "gare !" et nos "assez !"

Lui semblaient étrangers

 

 

- Il faut lui pardonner

  Criai-je, elle est anglaise !

Notre homme trépignait

Semblait mal à son aise

Ne sachant s'il devait

Rugir ou décamper

 

- Laissez-nous terminer

  Que diable ! suppliai-je

  Le temps d'un bon café

  Je vous l'offre, que sais-je ?

- Disons 15 minutes ?

- Allons mettez-en 16 !

- C'est à prendre ou laisser !

- It's enough ! She says

 

L'affaire était conclue

Il rebroussait confus

Mais soudain avisant

Les badauds étendus

Bah ce n'était pas un

Ni vingt ni quatre-vingts

Mais mille comme nous

Qui s'aimaient dans les coins

 

6h allaient sonner

Les grilles à fermer

Notre pauvre gardien

Titubait, affolé

Hésitant s'il fallait

en rire ou en pleurer

Ne sachant où donner

Du chef et du sifflet

 

Février prodiguait

Ses rayons printaniers

Le soleil a sur nous

Des effets bien étranges...

 

 

 

Christophe Gonnet

Réalisée en mai 2019