Quand repus d’altitude
Et las de solitude
Nous quittions nos faubourgs
Pour l’auguste cité
Nous voyant arriver
Des titis désœuvrés
Flairant le bon gibier
Nous priaient d’approcher…
Et flatté et content
Je les trouvais touchants…
Parfois quand l’un d’entre eux
M’indiquait une auberge
Où nous pourrions manger
Danser, boire ou que sais-je
L’esprit aventureux
Nous nous prêtions au jeu…
Seigneur et abondant
Je prodiguais comptant
Glaneurs de petits gains
Me mangeaient dans la main
Moindre petit butin
Leur but était atteint
Moi, vu mon appétence
J’avais faim de dépense
Nous n’avions de commun
Avec eux presque rien
Un avant goût de mieux
Et merci, et adieu !
Prétextant d’aller faire
Un besoin au grand air
On leur laissait nos bières
Et filions par derrière
Ah ! rêves retrouvés !
Sachez tenir vos langues...
Maintes fois par méfaits
Je vous ai dépréciés
Exposant tous vos charmes
À des cochons sans âme…
J’avais goût à me perdre
Et m’y prenais fort bien
Cela dit, je pouvais
J’étais inaltérable…
Quand rentrant en chemin
Nous trouvions une étable
Nous couchant dans les foins
On finissait la nuit
Mon front dans une main
Tout fourmillant d’étoiles
Je hissais haut mes voiles
Et chérissait la vie…
Christophe Gonnet